Voici un moyen mnémotechnique que
les auteurs pendant la Renaissance avaient imaginé pour
faire retenir les graphismes des chiffres. On trace
autant de segments que le chiffre l'indique.
Selon une tradition populaire,
encore tenace en Égypte et en Afrique du Nord, la
version moderne de nos chiffres "indo-arabes" serait
l'invention d'un vitrier-géomètre originaire du Maghreb,
qui aurait imaginé de donner aux neuf chiffres
significatifs une forme dépendant du nombre des angles
contenus dans le dessin de chacun d'eux : un
angle pour le chiffre 1, deux angles pour le chiffre 2,
etc... Tout ceci n'est bien sûr que supposition.
Les nombres
anthropomorphiques, gravure du XIXème
siècle.

Un
est le
nombre divin par excellence. C'est le nombre de la Création, de
l'action, de l'énergie. L'unité est garante de la cohérence.
Deux est un nombre incarnant toutes
les oppositions : les deux sexes, le jour et la
nuit, la vie et la mort, la gauche et la droite, le bien
et le mal... C'est un nombre symbole de conflit (on
retrouve sa racine dans le verbe "diviser"), mais il n'a
pas que des aspects négatifs car l'union de deux
contraires peut permettre la progression alors que
l'unité est signe de stabilité.
Trois est un nombre sacré et
spirituel. On pense d'abord à la Trinité (le père, le
fils et le saint-esprit), mais aussi à l'espace (les
trois dimensions), au temps (passé, présent et futur), à
l'action (début, milieu et fin), à la famille (père,
mère et enfant)... C'est par le nombre trois qu'on
échappe à la dualité, il devient donc un nombre de
rupture.
Quatre est le nombre de la
stabilité. Il représente le corporel, le matériel (les
quatre éléments), le terrestre (les quatre points
cardinaux).
Cinq est le nombre de l'homme
(l'étoile à cinq branches représente l'homme, ses quatre
membres et la tête). C'est aussi le nombre de sens
humains et le nombre de doigts d'une main.
Six est
assez ambigu. Dieu a créé le monde en six jours. Le
nombre six a aussi de belles propriétés :
6 = 1 + 2 + 3 = 1 × 2 × 3
et aurait pu
être considéré comme divin mais en fait, c'est plutôt un
nombre diabolique. Dans les œuvres de magie, on
utilisait une "étoile" à six branches faites à partir de
deux triangles. Dans l'Apocalypse, le "nombre de la
bête" est 666.
Sept est un nombre mythique. On
pense aux sept planètes, aux sept jours de la semaine,
aux sept notes de la gamme pythagoricienne. C'est donc
un nombre astronomique et temporel.
Huit est un
nombre qui dépasse la perfection pour symboliser
l'éternité. Sept indiquait un cycle temporel, huit
c'est beaucoup plus.. Si sept est le nombre sacré de
l'Ancien Testament, huit est par excellence celui du
Nouveau puisque le Christ ressuscite le huitième jour.
Ce n'est pas un hasard si les mathématiciens ont
choisi le symbole ∞ pour signifier
l'infini.
Neuf est très ambigu, c'est à la
fois le nombre de la mort (le Christ expira à la
neuvième heure) et de la vie (la gestation dure neuf
mois).

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